D. Sedley (Hrsg.): The Philosophy of Antiochus

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Titel
The Philosophy of Antiochus.


Herausgeber
Sedley, David
Erschienen
Anzahl Seiten
376 S.
Preis
£ 65,00
Rezensiert für H-Soz-Kult von
Tiziano Dorandi, Centre Jean Pépin, UPR 76/CNRS, Villejuif

Antiochus d’Ascalon est un philosophe clé dans l’historie de l’Académie platonicienne du Ier s. av. J.-C., célèbre pour avoir restauré l’„Ancienne Académie“ après la période sceptique qui s’étale de Carnéade à Philon de Larissa. Les sources anciennes présentent Antiochus comme un membre de l’Académie platonicienne qui aurait été largement influencé par le stoïcisme; en réalité son programme philosophique avait été un retour aux „anciens“ et principalement aux doctrines de Platon et d’Aristote. L’épisode le plus important de la vie d’Antiochus est connu sous le nom d’affaire du „Sosus“ du nom de l’ouvrage qu’il avait écrit en réponse aux deux livres de Philon, vers 88 av. J.-C. La lecture des ces livres avait choqué Antiochus par leurs innovations doctrinales et avait inspiré sa nouvelle philosophie et la fondation de l’„Ancienne Académie“ après la rupture d’avec Philon.

Dans les dernières décennies, à partir du livre de John Glucker (1978)1, les études consacrées à Antiochus ont trouvé un terrain fertile – je ne signalerai que l’article innovant de Jonathan Barnes (1989), les pages de Woldemar Görler (1994) et celles de Harold Tarrant (2007)2, ainsi que l’édition de ses fragments préparée par Hans Joachim Mette (1986-1987) qui remplace celle de Georg Luck (1953).3 La publication du volume édité par David Sedley trouve dans ces recherches l’arrière-plan dont il faut tenir compte si l’on veut avoir une idée claire et exhaustive de la personne et de la pensée d’Antiochus.

On ne connaît presque rien de la vie d’Antiochus, et la reconstruction de sa doctrine demeure elle aussi incertaine et ouverte à plusieurs lectures du fait qu’on ne conserve qu’un seul fragment direct (cité par Sextus Empiricus: F 2), d’interprétation difficile (voir les études de Sedley et Brittain dans ce volume), et que tous les autres renseignements ne sont que des témoignages indirects transmis principalement par Cicéron dans ses œuvres philosophiques (Lucullus, De finibus 5 et Tusculanes 3) et par Augustin dans le De civitate Dei. Ces textes sont précieux pour avoir une idée globale de la pensée d’Antiochus, qui a eu une large influence sur les intellectuels romains de la fin de la République, Cicéron, Brutus, Varron. Le témoignage de Cicéron surtout est de grand intérêt, car ce dernier avait eu l’occasion d’écouter les leçons d’Antiochus et de Philon à Athènes, mais il est à utiliser avec une certaine prudence et en tenant compte du fait que Cicéron était un partisan résolu de la philosophie de l’Académie sceptique. Cet aspect, ainsi que la difficulté réelle à délimiter dans les pages de Cicéron et de Sextus les contours du témoignage d’Antiochus ont eu pour conséquence le fait que l’interprétation de la pensée du philosophe Académicien n’ait pas été univoque et que plusieurs solutions et lectures aient été proposées, parmi lesquelles il est assez difficile de déterminer celle(s) qui correspond(ent) le mieux à la réalité historique.

Le volume de Sedley a, parmi ses nombreux mérites, celui de ne pas présenter une vision dogmatique et unilatérale d’Antiochus, mais de fournir aux lecteurs différentes pistes herméneutiques qui se révèlent toutes fort intéressantes et dévoilent un Antiochus aux multiples facettes, par certains aspects inattendu. „This book“ – écrit Sedley (p. 1) – „is not The Cambridge Companion to Antiochus. Although the chapter topics attempts to cover all the major aspects of Antiochus’ work and significance, their content does not represent an attempt to set out in orderly fashion what we know or reasonably believe about these questions and to present even-handedly whatever issues remain controversial. Authors have been given free rein to defend their own preferred viewpoint on controversial issues, and they will certainly not all be found singing from the same sheet.“

Toutes ces questions (et d’autres elles aussi fondamentales) sont présentées et discutées dans les pages de l’Introduction de Sedley (p. 1–8), qui a aussi réuni un nouveau recueil des „fragments“ d’Antiochus à la fin du volume (A guide to the testimonies for Antiochus, p. 334–346), accompagné de sa traduction en anglais, la première dans une langue moderne de la plupart de ces textes. Dans le choix des témoignages, Sedley a adroitement évité le piège des recueils semblables: „It has at times been fashionable to detect Antiochean content much more widely in later authors, in a way comparable to the treatment sometimes accorded to Antiochus’ contemporary the Stoic Posidonius. Pan-Antiocheanism, that is, has at times threatened to rival pan-Posidonianism in the scholarly literature“ (p. 8).

Ce sont les qualités majeures de ce volume qui représente non seulement une synthèse de nos connaissances sur Antiochus et les dernières années de l’Académie, mais aussi un point de départ original et bien documenté, indispensable pour toutes les recherches sur les philosophies du premier siècle avant notre ère entre Athènes et Rome, à un moment crucial pour l’histoire de la pensée antique.

Ci-dessous, je dresse une liste des articles du volume, accompagnée si nécessaire de quelques mots explicatifs sur leur contenu. Les trois premiers chapitres visent à reconstruire le contexte historique, culturel et philosophique d’Antiochus. Myrto Hatzimichali (Antiochus’ biography, p. 9–30) discute les données relatives à la vie d’Antiochus; Roberto Polito (Antiochus and the Academy, p. 31–54) s’arrête sur la nature institutionnelle et philosophique de la séparation d’Antiochus de l’Académie de Philon, tandis que Rebecca Flemming (Antiochus and Asclepiades: medical and philosophical sectarianism at the end of the Hellenistic era, p. 55–79) signale des parallèles de cette rupture dans d’autres disciplines (en particulier, la médecine). Les chapitres qui suivent ont pour objet la philosophie d’Antiochus: David Sedley (Antiochus as historian of philosophy, p. 80–103) et Charles Brittain (Antiochus’ epistemology, p. 104–130) en étudient l’épistémologie; Georgia Tsouni (Antiochus on contemplation and the happy life, p. 131–150), T. H. Irwin (Antiochus, Aristotle, and the Stoics on degrees of happiness, p. 151–172) et Malcolm Schofield (Antiochus on social virtue, p. 173–187) essaient d’en reconstruire la pensée éthique. Les articles de Brad Inwood (Antiochus on physics, p. 188–219) et George R. Boys-Stones (Antiochus’ metaphysics, p. 220–236) sont consacrés à la physique et à la métaphysique. Malcolm Schofield (The neutralizing argument: Carneades, Antiochus, Cicero, p. 237–249) revient sur le débat éthique entre Antiochus et les Stoïciens en tenant compte des relations du premier avec Carnéade. Les trois derniers chapitres analysent, enfin, l’influence d’Antiochus sur ses contemporains et par rapport à la naissance du Médioplatonisme: David Blank (Varro and Antiochus, 250–289); Carlos Lévy (Other followers of Antiochus, p. 290–306); Mauro Bonazzi (Antiochus and Platonism, p. 307–333). Le volume est enrichi d’une Bibliographie (p. 347–358), d’un Index locorum (p. 359–373) et d’un General index (p. 374–377).

Notes:
1 John Glucker, Antiochus and the late Academy, Göttingen 1978.
2 Jonathan Barnes, Antiochus of Ascalon, in: Miriam Griffin / Jonathan Barnes (eds.), Philosophia togata. Essays on Philosophy and Roman Society, Oxford 1989, p. 51–96; Woldemar Görler, Antiochos aus Askalon und seine Schüler, in: Hellmut Flashar (ed.), Grundriß der Geschichte der Philosophie. Die Philosophie der Antike, vol. 4/2: Die hellenistische Philosophie, 2. Aufl., Basel 1994, p. 938–980; Harold Adrian Tarrant, Antiochus: A new beginning?, in: Robert W. Sharples / Richard Sorabji (eds.), Greek and Roman Philosophy 100 BC–200 AD, vol. 2, London 2007, p. 317–332.
3 Hans Joachim Mette, Philon von Larisa und Antiochos von Askalon, in: Lustrum 28/29 (1986/87), p. 9–63; Georg Luck, Der Akademiker Antiochos, Bern 1953.

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