M. Biliniewicz: The Liturgical Vision of Pope Benedict XVI

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Titel
The Liturgical Vision of Pope Benedict XVI. A Theological Inquiry


Autor(en)
Biliniewicz, Mariusz
Erschienen
Bern 2013: Peter Lang/Bern
Anzahl Seiten
341 S.
Preis
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Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Vincent Petit, Strasbourg

Ce travail universitaire, présenté à l’origine au Milltown Institute of Theology and Philosophy de Dublin, en a conservé certaines pesanteurs et nombre de répétitions – mais la répétition n’est-elle pas un procédé pédagogique efficace? Ainsi était-il nécessaire de distinguer à la fois les écrits du cardinal Ratzinger et ceux du pape Benoît XVI? Il y a là, comme le dit l’auteur lui-même, une continuité forte, alors que la rupture serait plutôt à placer dans une période antérieure. Car le futur souverain pontife, qui a été peritus lors du concile, est très vite un critique acerbe de l’application qui a été tirée de la constitution Sacrosanctum Concilium. Il ne réfute pas les intuitions du mouvement liturgique, ni les décisions du concile (117–127) mais pointe la façon dont la constitution conciliaire a été mise en oeuvre au début des années 70 (79): abandon quasi-total du latin, orientation systématique versus populum en raison de la réduction de l’eucharistie à un repas (87–90), avec pour arrière-plan une crise de l’exégèse biblique contemporaine (84–87). Pour Joseph Ratzinger, les réformes, nécessaires, ont amené une division du monde catholique et une «fragmentation » de la liturgie (67), parce qu’elles se sont faites en vertu d’une «herméneutique de la rupture» (81, 119). La participation active promue par le concile a été réduite à un activisme effréné (98–100, 183–186) en lieu et place d’une participation plus intérieure (57), l’adaptation de la liturgie a été comprise comme un encouragement à la subjectivité, à la créativité et à l’arbitraire de ceux qui sont censés la servir (134), la prière a subi un processus de nationalisation, de naturalisme, et en fin de compte de désacralisation.

Joseph Ratzinger lui-même n’est pas un liturge, comme on le lui a parfois reproché, c’est d’abord un théologien pour qui la liturgie est avant tout opus dei, un don de Dieu (21) qui n’est fait pas fabriqué (27) – ce qui induit, même s’il s’appuie sur Louis Bouyer et Klaus Gamber (245), un certain refus de la diachronie. Au contraire, sa lecture de l’histoire de l’Eglise, comme celle de l’Ancien et du Nouveau Testament, s’opère en vertu d’une «unité ininterrompue » (19). En conséquence, il n’entend pas promouvoir une nouvelle réforme liturgique ni même introduire de nouveaux changements. Son objectif est plutôt d’encourager une «éducation liturgique» (132, 191) – c’était une des lignes de force du mouvement liturgique – ce qu’il fait en célébrant dans les formes qu’il estime indispensables (194, 288). La photographie de couverture, où le souverain pontife officie en chasuble, devant l’autel, face à un crucifix, illustre l’esprit de la liturgie, pour reprendre le titre du livre qu’il a publié en 2000, qu’il entend promouvoir. Le livre de Mariusz Biliniewicz, même s’il consacre un chapitre (215–277) aux objections et critiques qui ont été faites au cardinal, s’inscrit dans ce qu’on appelle le nouveau mouvement liturgique – il a été relu par Alcuin Reid osb (vii). Ce mouvement, dont on peut dire qu’il est né en France – pays où la réception des réformes liturgiques a été la plus contrastée – mais qui est aujourd’hui particulièrement vivace dans l’english-speaking people, défend une conception de la liturgie comme fruit d’un «développement organique » (40–43, 129–130). Ces liturgistes militent pour une «réforme de la réforme» (107–112) puisque celle qui a été menée par le pape Paul VI est au contraire trop artificielle, trop systématique et trop intellectuelle. Cette réforme consisterait à réintroduire certains éléments de l’ordo missae et des rubriques de 1962, dont le motu proprio de 2007 libéralise l’usage: célébration versus orientem – liée à la dimension cosmique de la liturgie (30), réintroduction partielle du latin dans le propre de la messe (Gloria, Credo, Pater Noster, Agnus Dei), révision des traductions, mais aussi promotion d’exercices de dévotion (147, 179)...

Au terme de cette lecture, alors que le pontificat de Benoît XVI est aujourd’hui clos, on ne peut qu’être frappé par la hardiesse des solutions prônées par le précédent souverain pontife. Celui qu’on accusait d’être un pape pessimiste répond que s’il manque des prêtres pour célébrer la liturgie, c’est qu’elle a été galvaudée compromettant du même coup la fonction du ministère: au lieu d’adapter la liturgie à ce manque – il faudrait s’interroger sur les conséquences pastorales d’une célébration d’obsèques faite par des laïcs –, sa restauration est la première condition d’une revalorisation de la figure sacerdotale. Il soutient sans faiblir le pluralisme liturgique au sein de l’Eglise latine – avec Summorum Pontificum en 2007, mais aussi Anglicanorum coetibus en 2009 – qui n’est pas sans poser de problèmes, canoniques et pratiques, et la reprise du missel de 1962 que la publication de celui de 1969 avait, ipso facto, aboli. On ne peut que saluer la vigueur de la dénonciation du cléricalisme de certains animateurs, alors que la liturgie est avant tout une fête, une libération (36–37) et «un avant-goût» de la liturgie céleste comme le dit la constitution Sacrosanctum concilium.

Zitierweise:
Vincent Petit: Rezension zu: Mariusz Biliniewicz, The Liturgical Vision of Pope Benedict XVI. A Theological Inquiry, Bern, Peter Lang, 2013. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Religions- und Kulturgeschichte, Vol. 107, 2013, S. 460-461.

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