M. Fontannaz: La ville de Moudon

Titel
La ville de Moudon.


Autor(en)
Fontannaz, Monique
Erschienen
Berne 2006: Société d'histoire de l'art en Suisse
Anzahl Seiten
575 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Brigitte Pradervand

La consultation de la table des matières de l’ouvrage montre d’emblée l’extraordinaire densité de la publication éditée par la Société d’histoire de l’art en Suisse. Le patrimoine de Moudon, à l’instar d’une photographie qui se révèle peu à peu dans la chambre noire, prend, à la lecture du livre, une extraordinaire consistance. Des plus grandes structures urbaines aux détails de ferronnerie ou de boiseries, Monique Fontannaz nous fait découvrir le résultat captivant de ses patientes recherches. L’exploitation approfondie des sources d’archives, textuelles et iconographiques, l’enquête détaillée sur le terrain, enrichie par la collaboration avec différentes disciplines liées au patrimoine, ont permis à l’auteur d’analyser, de comprendre et de nous transmettre non seulement l’histoire des châteaux, maisons et différents édifices de la ville, mais aussi celle des artisans, maîtres d’oeuvre, commanditaires des constructions, témoignages prestigieux, ou modestes, qui, additionnés, forment la substance même de la vie de la ville.

Le livre débute par la présentation du vaste matériel archivistique et iconographique récolté pour l’étude. Un aperçu historique fait le point sur l’histoire de Moudon, et ses diverses interprétations. La ville, au nom d’origine celte, occupée par un vicus à l’époque romaine, puis marquée par la domination de l’évêque durant le Haut Moyen Age, vécut l’époque troublée des xie et xiie siècles, jalonnée de conflits entre divers seigneurs et les évêques de Lausanne. L’époque savoyarde, elle aussi marquée par de nombreuses rivalités, fit de Moudon le centre administratif et juridique du bailliage de Vaud. Trois siècles de paix caractérisent la gestion prudente des ressources de l’administration bernoise, le riche patrimoine du xviiie siècle témoignant du développement de la bourgeoisie et de familles fortunées. Quelques rares industries dans la deuxième moitié du xixe siècle, puis une reprise de la construction vers 1900 laissent des témoignages intéressants.

En toute logique, mais en toute complexité aussi, l’analyse du patrimoine bâti débute avec le développement urbain particulièrement compliqué à Moudon. On ne peut qu’admirer la clarté de la présentation de ces structures urbaines et les résultats obtenus pas l’analyse. La confrontation des données historiques et archéologiques, avec le plan cadastral de 1809, en lien aussi avec celui de 1987, montre, à l’évidence tout ce qu’une ville peut conserver d’un état médiéval au niveau du plan. Les différents quartiers – le Château (XIIe), le Bourg (début xiiie), Rotto-Borgeau (avant 1258), Plans – Borgeaux (avant 1258 et peut-être avant 1233), La Bâtie ou Villeneuve (vers 1260) et Mauborget (début du xive) sont étudiés dans leur lente évolution, y compris avec leurs édifices disparus comme par exemple l’église Notre-Dame dans celui du Château. Les fortifications et les six enceintes de la ville sont ensuite décrites avec leurs portes et poternes. Ville en dialogue avec l’eau, Moudon recèle de nombreux ponts et d’intéressantes fontaines dont deux conservent des statues du xvie siècle. L’église Saint-Etienne, fleuron de l’architecture gothique, marquée par les relations qui existaient alors entre le pays de Vaud savoyard et l’Angleterre, débute le chapitre des édifices religieux et hospitaliers, suivi des édifices publics et semi-publics. On y suit ainsi, pas à pas, les transformations de la maison de ville, que des photographies prises avant 1926 montrent encore dans un état du gothique tardif. Les édifices commerciaux, la grenette, les greniers, les moulins, les magasins, la poste, la gare, puis les écoles, sans oublier les fermes communales, ou les édifices plus singuliers comme les prisons, le gibet, le pilori, et bien d’autres encore, font l’objet d’études systématiques. On découvre même, au détour d’une page la photographie de l’ancien papegay, objet servant de cible pour le tirage, étonnamment conservé. De nombreuses maisons seigneuriales et leurs riches aménagements intérieurs témoignent de l’architecture privée. L’étude du château de Rochefort par exemple, aujourd’hui musée du Vieux-Moudon, a révélé la présence de portiques à arcades du xiiie ou xive siècle, comme dans bon nombre de maisons de la rue du Château. La maison Loys de Villardin ou la maison de Forel constitue un précieux exemple du xviie siècle agrémenté de beaux décors intérieurs. Les maisons bourgeoises possèdent aussi de grandes qualités que Monique Fontannaz met en évidence, nous faisant découvrir un patrimoine d’une richesse insoupçonnée. Boiseries, fourneaux en catelles, plafonds et dessus de porte peints, cheminées et parquets sont conservés derrière de belles façades bien ordonnées, ornées de fenêtres à chambranles moulurés ou sculptés. L’étude se termine par la présentation de quelques maisons de campagne. A la fin de l’ouvrage, un survol typologique et artistique résume la valeur artistique de cette ville mise en lumière tout au long de ces pages passionnantes.

Citation:
Brigitte Pradervand: compte rendu de: Monique Fontannaz, La ville de Moudon, Berne: Société d'histoire de l'art en Suisse, 2006, 575 p. Première publications dans: Revue historique vaudoise, tome 115, 2007, p.309-310.

Redaktion
Veröffentlicht am
11.05.2010
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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