P. Bissegger: Rolle et son district

Cover
Titel
Rolle et son district.


Autor(en)
Bissegger, Paul
Reihe
Les Monuments d’art et d’histoire du canton de Vaud VII
Erschienen
Bern 2012: Société d'histoire de l'art en Suisse
Anzahl Seiten
485 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Monique Fontannaz

Le septième volume des Monuments d’art et d’histoire du canton de Vaud est consacré aux treize communes qui constituaient l’ancien district de Rolle. Le travail étant déjà bien engagé au moment du nouveau découpage territorial de 2008, on a choisi en effet de s’en tenir à l’ancienne circonscription. À part Allaman, rattaché au district de Morges, toutes les communes appartiennent actuellement au district de Nyon.

La simple consultation de l’ouvrage au niveau des illustrations suffit déjà à convaincre de la grande richesse artistique de la région étudiée. Cette richesse se révèle particulièrement dans les résidences aristocratiques que l’on rencontre dans chacune des communes. Elle frapperait plus encore si l’auteur n’avait pas volontairement réduit à l’essentiel la présentation de plusieurs créations architecturales majeures qu’il a déjà publiées ailleurs, comme la Gordanne, Beaulieu et les autres propriétés de la famille Eynard. En revanche, les réalisations de la classe moyenne apparaissent peu, à part dans le cas de la ville de Rolle, et le nombre d’édifices publics méritant une illustration se limite pratiquement aux églises. Ce contraste tient à une question pratique, puisqu’il a fallu opérer une sélection sévère des objets, mais il exprime peut-être aussi les rapports sociaux qui existaient alors entre des seigneurs particulièrement puissants et des communautés villageoises relativement peu développées. L’importance des seigneuries et la valeur économique des grandes exploitations viticoles distinguent en effet cette région des zones plus rurales du canton.

À la richesse du patrimoine correspond la richesse des informations fournies, qu’il serait vain de vouloir résumer. Nous aborderons donc cet ouvrage principalement sous l’angle de l’histoire locale. La présentation des communes, ordonnées alphabétiquement, débute par les renseignements généraux usuels (nom, première mention, armoiries, population). Elle se poursuit par la description du territoire où il est question également des voies de communication et de la répartition de l’habitat. Dans l’historique, l’auteur s’attache principalement à expliquer les origines de la commune et de ses hameaux (parfois de petites communes indépendantes disparues, ou de grands domaines ecclésiastiques). C’est dans cette partie introductive qu’il fait mention des lieux et des édifices ayant joué un rôle important dans le village, mais dont l’état actuel ne mérite pas que l’on en fasse une notice à part. L’histoire des droits seigneuriaux occupe une place centrale. Bien que souvent très complexe, elle ne se réduit pas à une énumération fastidieuse de dates et de noms, mais elle est directement connectée à l’histoire des châteaux dont il sera
question plus loin.

Les notices consacrées aux bâtiments traitent tout d’abord des lieux de culte. Suivent les châteaux servant de sièges de seigneuries, puis les maisons de maître, le plus souvent à vocation viticole. Ces édifices résultant en général de multiples reconstructions partielles effectuées au cours des siècles, leur présentation n’est pas aisée, surtout si, comme dans la plupart des cas, aucune analyse archéologique n’a été effectuée. À part le château de Bursinel, bien documenté par une série de projets de transformation dus à l’architecte Gabriel Delagrange, les propriétés privées sont rarement illustrées par des plans d’origine. Les textes, clairement articulés, accompagnés de relevés architecturaux et de photos, permettent toutefois de dégager les lignes essentielles et d’identifier les éléments artistiques les plus intéressants. Reste encore à situer ces éléments dans le contexte historique et artistique en établissant des liens avec d’autres personnes ou avec des oeuvres apparentées. Paul Bissegger est passé maître en ce domaine, sachant souligner le rôle joué par tel propriétaire dans la vie culturelle ou politique, ou mettre en valeur l’apport de tel artisan. Ces derniers peuvent être du cru, comme Pierre Billon déjà rencontré à Morges vers 1670, ou venir de plus loin, comme le célèbre architecte tessinois Luigi Bagutti. Les grands propriétaires étant en majorité bernois depuis 1536, ils firent appel aussi à des artistes alémaniques ou même allemands, comme le sculpteur Kohl qui, en 1771, laissa son nom sur un tonneau de Montbenay, en dessous des armoiries de Watteville-Thormann.

Si l’on peut émettre un regret à propos de cette partie de l’ouvrage, c’est celui de voir le nombre de pages laissées en grande partie vides en fin de chapitres, surtout quand l’on pense aux coupures que l’auteur a dû infliger à son manuscrit pour respecter le nombre réglementaire de pages imprimées.

La ville de Rolle constitue un cas particulier (120 pages sur 375 pages de texte au total), avec sa fondation éclair en 1319, documentée comme en direct grâce aux comptes savoyards, et avec son château de 1264 environ, au plan très original, dû sans doute à l’architecte du roi d’Angleterre. La très longue Grand-Rue possède encore plusieurs maisons bourgeoises dont les intérieurs n’ont rien à envier aux maisons de campagne environnantes. Toutefois, la présentation générale de l’urbanisme et des édifices publics permet de percevoir également la vie quotidienne des couches sociales plus modestes.

Le volume dans son ensemble dresse un tableau concret et vivant qui contribue à donner à la région sa profondeur historique, une sorte de vision en 3D remontant jusqu’au Moyen Âge. Il constitue une mine de renseignements presque inépuisable à la fois sur les bâtiments et sur les personnes.

Zitierweise:
Monique Fontannaz: Compte rendu de: Paul BISSEGGER, Rolle et son district, Berne: Société d’histoire de l’art en Suisse (Les Monuments d’art et d’histoire du canton de Vaud, VII), 2012. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 299-300.

Redaktion
Beiträger
Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 299-300.

Weitere Informationen