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Titel
Bottens: Territoire / Économie / Société 5e-21e siècles.


Autor(en)
Vion, Eric
Erschienen
Bottens 2008: Commune de Bottens
Anzahl Seiten
383 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
David Auberson

Publié dans le cadre des festivités entourant le 900e anniversaire de la commune, le riche ouvrage d’Éric Vion innove non seulement en étant la première étude historique consacrée à cette commune, mais aussi par la mise en oeuvre de nouveaux instruments de recherche et d’analyse. L’historien, qui a été mandaté par la Municipalité, a aussi été aidé par de nombreux habitants de Bottens au cours de ses recherches.

Cet ouvrage débute par une découverte intéressante qui fait remonter la première mention de la commune entre 1107 et 1113 et qui se trouve dans le cartulaire de l’abbaye de Molesmes, à la suite d’une donation où un certain Wido de Bottens est cité comme témoin (document déposé aux Archives départementales de la Côte d’Or, à Dijon). Cette nouvelle datation est antérieure aux références textuelles qui situaient l’apparition de la commune plus tardivement (1140 pour le Dictionnaire toponymique des communes suisses, p. 175 et 1142 selon la notice du DHS). L’auteur remarque néanmoins rapidement que les origines de Bottens sont bien antérieures à la première moitié du XIIe siècle car le nom du village se rattache à l’installation des Burgondes dans notre région (Ve-VIe siècles).

Construits d’une façon intelligente, les onze chapitres de ce livre s’ouvrent sur un encadré qui résume les points essentiels développés dans les pages suivantes. Contrairement à d’autres monographies communales, l’auteur consacre plusieurs chapitres aux périodes précédant les Temps modernes. On remarquera notamment la reproduction de sources médiévales et leur traduction.

Ce qui fait la richesse et l’originalité de ce volume se trouve dans les très nombreux graphiques et cartes. L’ouvrage compte en effet plus de 400 illustrations, dont près de 100 plans de grande qualité. Ainsi, l’histoire de Bottens et l’évolution de son territoire nous sont expliquées par la carte. Autant livre d’histoire locale que globale, E. Vion s’attache à relier le passé de Bottens aux événements à l’échelle nationale et mondiale. En exploitant au mieux les données locales, l’auteur démontre comment le destin d’une communauté villageoise ne peut s’expliquer sans le relier aux grands courants économiques et sociaux qui ont transformé le monde.

Cette volonté de replacer dans une dimension globale l’histoire du village fait parfois perdre à l’auteur le but initial de l’ouvrage, qui est de présenter le passé de Bottens.

Ainsi, le chapitre intitulé «La conquête suisse et ses conséquences », qui est consacré aux Guerres de Bourgogne et aux questions confessionnelles (Bottens restera parmi les rares villages vaudois à majorité catholique après la conquête bernoise) en est un exemple probant. Si l’auteur présente un brillant résumé de la période trouble s’étendant de 1476 à 1536, Bottens n’est que très rarement évoqué, l’auteur s’intéressant plus aux questions d’axes routiers ainsi qu’à la progression de la Réforme en Pays de Vaud à l’aide de nombreuses cartes élaborées par ses soins. Ce n’est qu’en fin de chapitre que les spécificités confessionnelles de Bottens sont rappelées et développées.

En s’appuyant sur de nombreux plans, l’auteur décrit au fil d’un long chapitre (12 cartes et 48 tableaux) les lieux-dits du village et leur origine. Tout en rappelant l’impor tance que nos ancêtres donnaient aux appellations, E. Vion donne d’utiles définitions de ces endroits dont le sens étymologique ou pratique nous échappe de nos jours. Grand connaisseur des cadastres et des registres de reconnaissances (« terriers»), l’auteur consacre environ 50 pages à faire le tour du territoire communal. Il s’aide par ailleurs des témoignages oraux des habitants de la commune. À notre avis, ces recherches méticuleuses nuisent en certains points à l’ensemble de l’ouvrage car Bottens passe au second plan pour ne devenir que prétexte à de savantes recherches étymologiques.

Le chapitre consacré à l’agriculture nous donne de riches explications sur l’évolution du parcellaire communal et plus généralement sur le développement et les modifications intervenues dans la paysannerie au fil des siècles. Son intérêt est aussi de replacer l’évolution du paysage agricole de Bottens dans une perspective nationale et mondiale avec les répercussions engendrées par les facteurs économiques au niveau tant cantonal qu’international, notamment au sujet de la culture et du prix du blé. Comme dans les autres chapitres, de nombreuses cartes permettent de juger de l’évolution du parcellaire tant au niveau des champs que des forêts. Si ces pages sont riches en informations, elles dépassent souvent le cadre de Bottens. Ces digressions offrent toutefois une synthèse intéressante sur de l’histoire de l’agriculture dans le canton et en Suisse. Le chapitre suivant présente l’évolution de la propriété et du droit foncier rural de l’époque féodale à nos jours en s’appuyant sur l’évolution des propriétés de plusieurs familles paysannes du village. On notera les dernières pages de cette riche partie consacrée au développement du droit foncier et à ses conséquences actuelles. On remarquera par ailleurs que l’auteur offre aussi une description très complète du réseau hydrographique de la commune et des différentes entreprises de drainage entreprises au cours du XXe siècle.

Les routes et chemins traversant la commune font aussi l’objet d’un long et parfois trop détaillé chapitre (44 pages). L’on retrouve dans ces lignes l’intérêt marqué de l’auteur pour l’histoire et l’évolution des axes de communication. À noter l’étonnante chronique sur l’entretien des routes pour l’année 1879 puisée dans les procès-verbaux de la Municipalité. À l’époque, le déneigement sur deux jours des routes sur la commune nécessitait le concours de 75 personnes… Ce chapitre se termine par des réflexions plus générales sur l’explosion du trafic routier des dernières décennies et les modes de transport.

Faisant suite au chapitre sur les routes, l’habitat tant communal que privé fait l’objet d’une étude détaillée ou presque toutes les constructions du village sont datées sur différents plans. Toujours au bénéfice d’informations généreuses, cette partie de l’ouvrage s’intéresse dans un second temps aux bâtiments publics et commerciaux de la bourgade à l’exemple des deux églises (réformée et catholique), du battoir, de l’auberge communale, des cures, etc. Le chapitre se clôt par plusieurs photographies aériennes actuelles de la commune, vues largement légendées et qui retracent l’évolution du bâti.

Les deux derniers chapitres s’intéressent à la famille ainsi qu’aux profondes mutations sociétales enregistrées dans ce village et en Europe au cours de ces cinquante dernières années. S’appuyant sur les travaux des généalogistes, l’auteur s’intéresse aux différentes familles de Bottens. Il remarque aussi qu’en cette terre restée catholique, Bottens a longtemps entretenu des rapports étroits avec Fribourg. Cette proximité s’est traduite par nombre de mariages entre les gens de Bottens et du canton voisin. Loin de se limiter à l’étude du passé des familles villageoises, l’auteur mène une véritable enquête sur les origines des habitants actuels. Grâce à un questionnaire envoyé en son temps aux résidents, il dresse d’intéressantes statistiques sur la population de village. Intitulé «La société en marche », ce dernier chapitre égrène les grandes mutations sociales qu’ont connues notre pays et Bottens. On apprendra au fil de ces pages que la première Suissesse à voter était une Bottanaise en 1959, ceci à la suite d’une élection complémentaire au Grand Conseil. L’auteur accorde du reste une large place à l’émancipation féminine ainsi qu’aux changements sociaux. Après avoir présenté les importantes transformations du monde scolaire, E. Vion dresse un portrait socioéconomique de la commune, des activités et du niveau de formation de ses habitants. Nous découvrons qu’à l’instar de nombre de communes, Bottens est devenu un village de navetteurs, mais qui a néanmoins conservé un certain nombre d’entreprises artisanales. Plusieurs utiles annexes, dont les références aux sources utilisées, des repères bibliographiques ainsi qu’un index des noms propres clôturent l’ouvrage.

Ce volume intéressera autant les habitants de Bottens que les ruralistes ou les géographes. Novateur en bien des points, le travail d’Éric Vion suggère à l’historien de nouvelles pistes et méthodes afin de dresser une monographie locale savante.

Plus qu’une étude sur l’histoire de Bottens, l’ouvrage d’Éric Vion dresse le portrait d’un village type de l’arrière-pays vaudois et de son évolution tant agricole que démographique et sociétale au fil des siècles écoulés.

Zitierweise:
David Auberson: Compte rendu de: ÉRIC VION, BOTTENS : TERRITOIRE, ÉCONOMIE, SOCIÉTÉ : 5e-21e SIÈCLES, BOTTENS : COMMUNE DE BOTTENS, 2008. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 231-234

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 231-234

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