Tax revolts in Europe, the United States and colonial Empires (end of XVIIIth century – end of XXth century); Les révoltes fiscales en Europe, aux États-Unis et dans les empires coloniaux (fin du XVIIIe siècle – fin du XXe siècle)

Tax revolts in Europe, the United States and colonial Empires (end of XVIIIth century – end of XXth century); Les révoltes fiscales en Europe, aux États-Unis et dans les empires coloniaux (fin du XVIIIe siècle – fin du XXe siècle)

Veranstalter
Center for North American Studies of the EHESS and the Institut d'histoire moderne et contemporaine of the Ecole Normale Supérieure
Veranstaltungsort
Ort
Paris
Land
France
Vom - Bis
21.10.2010 - 22.10.2010
Deadline
30.11.2009
Website
Von
Nicolas Delalande, Paris, Collège de France

While historians have paid attention to tax revolts in Modern Times to understand the building-process of the modern state and the political and social foundations of absolutism, they have neglected more recent uprisings and focused only on specific tensions over the tax issues. However, collective mobilizations against the tax system have marked the political, social and economic transformations of States, Empires and independence movements including the revolt of the thirteen English colonies in America against the taxes of the British Crown in the 1770s, the taxpayer revolt in California in the 1970s, the resistance to the “45 centimes” taxes in France during the Second Republic, the peasant revolts in the Ottoman Empire of the nineteenth century and the protests of indigenous subjects of the British Empire in India and Africa. Far from being an archaic form of survival or a collective mobilization of marginalized individuals, tax revolts prove to be central in the long history of democracy, Empire and the Welfare State from the Revolutionary Era to the present. Not limited to the most remote areas or to rural groups, fiscal protests were organized in various and different ways by a wide-range spectrum of social groups - upper-class and middle-class organizations, politicized workers, revolutionary peasants and colonized people opposed to imperialism.

Organized in Paris by the Center for North American Studies of the EHESS and the Institut d'histoire moderne et contemporaine of the Ecole Normale Supérieure, the symposium revolves around the issue of tax revolts, understood in a broad sense as any mobilization involving, in speech or in practice, the permanent or temporary refusal to pay taxes. This definition does include all kinds of taxes (direct taxes, indirect taxes, excises duties, fees), all forms of protests (petitions, demonstrations, assaults against tax collectors, letters sent to the fiscal administration), and all motivations of actors (denial of a particular tax, use of anti-fiscal sentiments for subversive or revolutionary purposes, attempt to limit the "tax burden"). It requires, however, a form, even limited, of collective action: the refusal to pay individual income tax falls outside the definition of "tax revolt", unless its purpose transcends individual matters such as in the case of civil disobedience. Often presented as the result of isolated individuals, tax refusal, however, is deeply rooted into the social fabric through professional organizations, associations and leagues.

The scientific purpose of the symposium is to shed new light on tax revolts as a means of collective action and to go beyond disciplinary and national frameworks used to study tax refusers:

- Use a comparative and international approach helps us to break the illusion that there is such a thing as a “national” tradition, even a local one, of tax opposition. On the contrary, it seems useful to analyze the similarities of forms, contexts and purposes of tax revolts in Europe, the United States and colonial Empires. A comparative outlook will reveal networks, collaborations and transfers between different groups of tax refusers. Therefore, an international study of different tax systems will transcend national explanations and be part of a global history of the tax power and its challenges.

- Together with the international approach, a multifaceted analysis will be proposed including history of political ideas (the importance of consent to the tax system or the right to resistance), analysis of economic behavior, sociology of collective mobilization, study of social and cultural representations. Such an analytical framework, tapping on social sciences, should help us abandon the psychological dimensions, used in the past to describe revolts as tragic forms of expression of social groups being marginalized both economically and politically. Moreover, the political dimension of tax refusers should be analyzed since different groups (leftists, pacifists, anarchists, conservatives and libertarians) have advocated tax resistance.

- The long span of time as well as the large geographic dimension will help us to go beyond traditional chronologies. For instance, it will bridge the gap between contemporary tax revolts and "pre-political" challenges of modernity, which still occur throughout the nineteenth and twentieth century even though they were condemned by the new centralized administrations. It will also be a way to understand the links between the State and civil society and the ongoing negotiations between the elites, the middle class and the working classes.

Scholars are invited to submit a five-hundred-word abstract and abbreviated curriculum vitae by November 30th, 2009. Authors of papers accepted for a presentation will be notified by January 31st, 2010. The authors participating in the symposium will then send a first written version of their contribution to the 1st October 2010. The symposium will be held in October 21-22nd at the Ecole des hautes études en sciences sociales. A collective book will be published in 2011.
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Alors que les soulèvements antifiscaux de l’époque moderne ont depuis longtemps retenu l’attention des historiens soucieux de comprendre le processus de construction de l’État moderne et les fondements politiques et sociaux de l’absolutisme, les révoltes fiscales de l’ère contemporaine, pourtant nombreuses, n’ont guère suscité l’intérêt des chercheurs au-delà de quelques études monographiques exemplaires sur tel ou tel épisode de contestation. Pourtant, de la révolte des treize colonies anglaises d’Amérique contre les taxes de la Couronne britannique dans les années 1770 à la révolte des contribuables californiens dans les années 1970, en passant par la résistance aux 45 centimes dans la France de la Seconde République, les révoltes paysannes dans l’Empire ottoman du XIXe siècle ou les protestations des sujets indigènes de l’Empire britannique en Inde et en Afrique, les mobilisations collectives contre l’impôt ont rythmé l’histoire politique, sociale et économique des États, des empires et des mouvements d’indépendance à l’époque contemporaine. Loin de s’apparenter à une survivance archaïque ou à un répertoire d’action collective en voie de décomposition, la révolte antifiscale appartient de plain-pied à l’histoire de la modernité politique, de la démocratie et de l’État-providence. Nullement cantonnée aux régions les plus reculées ou aux seules couches sociales paysannes, la protestation antifiscale a fait l’objet d’appropriations nombreuses, variées et polysémiques, de la part de groupes sociaux favorisés, d’ouvriers politisés, de paysans révolutionnaires ou de peuples colonisés anti-impérialistes.

Organisé par le Centre d’études nord-américaines de l’EHESS et l’Institut d’histoire moderne et contemporaine de l’ENS, ce colloque propose de mener pour la première fois une étude d’ensemble des révoltes fiscales, comprises dans un sens large comme toute mobilisation collective impliquant, en discours ou en pratique, le refus temporaire ou permanent de payer l’impôt à l’autorité qui le réclame. Cette définition ne préjuge ni du type d’impôt contesté (impôts directs, indirects, droits d’accise, redevances), ni des formes de la protestation (pétitions, manifestations, agressions contre les agents collecteurs de l’impôt, renvoi des feuilles d’impôt), ni des motivations ultimes des acteurs (refus d’un impôt particulier, instrumentalisation de l’antifiscalisme à des fins autres, subversives ou révolutionnaires, souci de limiter la « pression fiscale ») mais suppose a minima une action collective : le refus individuel de payer l’impôt n’entre donc pas dans la définition de la « révolte fiscale », sauf s’il est mis au service d’une cause politique qui le transcende (comme dans le cas du refus de l’impôt par volonté de désobéissance civile). Souvent présentés comme l’émanation d’individus isolés, les refus de l’impôt s’insèrent pourtant dans le tissu social par le biais d’organisations professionnelles, d’associations ou de ligues.

L’intérêt scientifique du colloque consiste à dépasser plusieurs clivages qui obscurcissent l’originalité de la révolte fiscale comme modalité de l’action collective :

-le recours à une approche comparée permet de sortir de l’illusion selon laquelle il existerait des traditions nationales, voire locales, spécifiques et foncièrement différentes. Bien au contraire, il paraît utile d’analyser les similitudes de formes, de contextes et de finalités des révoltes fiscales en Europe, aux États-Unis et dans les empires coloniaux et de comprendre comment se déroulent les circulations, les emprunts ou les hybridations entre des groupes contestataires en apparence très divers. C’est à cette condition que l’histoire de l’impôt peut s’affranchir du cadre de l’État-nation et s’inscrire dans une histoire globale du pouvoir d’extraction fiscale et de ses contestations.

-le décloisonnement géographique s’accompagne d’une diversification des regards portés sur les phénomènes de révolte fiscale, en faisant appel à la fois à l’histoire des idées politiques (importance du thème du consentement à l’impôt ou du droit à la résistance), à l’analyse des comportements économiques, à la sociologie des mobilisations collectives, à l’étude des représentations sociales (imaginaire de l’antifiscalisme, etc.). La restitution de ces diverses dimensions doit notamment permettre d’écarter les modèles, autrefois prégnants, qui liaient la contestation antifiscale à des facteurs psychologiques, y voyant la manifestation désespérée de couches sociales en voie de déclassement social ou économique. À ce titre, il est intéressant de s’interroger sur la manière dont a évolué la politisation de la révolte fiscale, tantôt défendue par des acteurs politiques et sociaux de gauche, pacifistes, anticolonialistes, anarchistes, tantôt prônée par des mouvements de droite, réactionnaires ou libertariens.

-la longue période retenue, de même que l’ouverture géographique, vise à dépasser des coupures chronologiques insatisfaisantes, associant par exemple la révolte fiscale aux formes « pré-politiques » de contestation de l’époque moderne et ses manifestations tout au long du XIXe et du XXe siècle à des résurgences de pratiques anciennes condamnées par l’histoire et l’affirmation de la souveraineté des États-nations. Ainsi pourra-t-on comprendre beaucoup plus finement les processus complexes d’étatisation des sociétés, de mises en place et de contestations des outils redistributifs, et de négociation sociale entre les élites, les classes moyennes et les classes populaires.

Les propositions de contributions devront être adressées par courrier électronique avant le 30 novembre 2009 aux organisateurs du colloque. D’une longueur maximale de 500 mots, elles comprendront un titre, une présentation du terrain étudié, de la méthode et des hypothèses soulevées. Elles seront accompagnées d’un bref curriculum vitae de l’auteur (deux pages maximum incluant les travaux les plus significatifs).

Le comité d’organisation sélectionnera les propositions retenues au cours du mois de décembre 2009 et donnera sa réponse au mois de janvier 2010. Les auteurs participant au colloque devront ensuite envoyer une première version écrite de leur contribution au 1er octobre 2010. Le colloque se tiendra les 21 et 22 octobre 2010 à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. La publication d’un volume collectif issu des travaux du colloque est prévue pour 2011.

Programm

Kontakt

Nicolas Delalande, ATER (Collège de France), IHMC-ENS : nicolas.delalande@yahoo.fr

Romain Huret, maître de conférences (Lyon 2 – IUF), CENA-EHESS : Romain.Huret@ehess.fr


Redaktion
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