Autor(en): | Jean-Philippe, Accart |
Titel: | Regards croisés sur les métiers de l'information. Bibliothèques, Archives, Documentation, Musées |
Ort: | Mont Saint-Aignan |
Verlag: | KLOG |
Jahr: | 2014 |
ISBN: | 9782953945997 |
Umfang/Preis: | 119 S. |
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Aurélie Roulet
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La réflexion autour des métiers de l’information et de la documentation est un thème récurrent dans la littérature professionnelle francophone. Les revues professionnelles françaises publient régulièrement des dossiers ou numéros spéciaux consacrés à ce sujet.[1] L’ouvrage récent de Jean-Philippe Accart, Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information s’inscrit dans cette mouvance. L’auteur, bibliothécaire-documentaliste mais aussi formateur et consultant, est un professionnel expérimenté qui exerce en France et en Suisse. Il est également actif dans le monde associatif au niveau national et international et a publié plusieurs ouvrages, dont Le métier de documentaliste (avec Marie-Pierre Réthy) qui a connu plusieurs rééditions.
L’introduction et le premier chapitre traitent des institutions que sont les archives, les bibliothèques et les musées, de leur raison d’être et de leurs missions communes. L’auteur y réaffirme la pertinence de ces institutions que d’aucuns pourraient juger dépassées à l’heure du tout numérique. Le deuxième chapitre est consacré à l’utilisateur, présenté comme le dénominateur commun entre les différents métiers. Il fournit plusieurs exemples de services innovants et aborde la question de la médiation sous ses différentes formes (documentaire, mais aussi sociale, culturelle, numérique et technologique). Les convergences et les divergences entre les métiers des sciences de l’information sont au centre du chapitre 3. Après un bref survol historique, l’auteur présente les différentes formations dans le domaine en France. On peut regretter ici qu’il n’ait pas profité de son expérience internationale pour comparer les mérites respectifs des différents systèmes de formations existants, ne serait-ce que dans le monde francophone. Le chapitre 4 débute par à une brève comparaison des pratiques professionnelles des quatre métiers et propose un survol des nombreuses normes utilisées. Les témoignages de Barbara Kraüchi, des Archives fédérales suisses, et de Françoise Chuart, bibliothécaire aux Archives de la Ville de Lausanne, viennent ponctuer ces deux chapitres. Consacré aux influences de la technologie sur les métiers et les institutions, le chapitre 5 passe en revue les logiciels libres, les systèmes intégrés de gestion de bibliothèque, la numérisation, le mouvement de l’open access et de l’open data, les réseaux sociaux, le cloud computing, les technologies mobiles et les humanités numériques. Le sixième et dernier chapitre aborde la collaboration entre les institutions ainsi qu’avec d’autres entités, en particulier Wikipedia et cite l’exemple des wikipedian in residence (WIR) engagés dans certains services d’archives ou bibliothèques. La conclusion quant à elle est laissée à Catherine Jeannin, archiviste chez Citroën, qui synthétise – autour du thème de la collecte – le travail des quatre institutions considérées dans le livre.
Fréquemment, les réflexions sur les métiers intègrent celles, connexes, des compétences nécessaires pour les exercer dans un environnement en rapide et constante mutation. Ce n’est pas le cas de l’ouvrage de Jean-Philippe Accart, qui se concentre essentiellement sur les convergences entre les métiers des archives, des bibliothèques de la documentation et, de manière moins attendue, des musées. La question des convergences et des divergences est fréquemment débattue dans la littérature professionnelle, en particulier en France, où ces différents métiers sont traditionnellement perçus comme distincts et où les formations sont éclatées et spécifiques. En Suisse en revanche, la situation est tout autre puisque, depuis les années 1990, le métier de bibliothécaire-documentaliste-archiviste s’enseigne dans une seule et même filière d’études.[2] L’auteur et les professionnels qu’il invite à témoigner dans ce livre font tous le constat que cette convergence se trouve renforcée par le rôle prépondérant joué par le numérique, aussi bien dans les services d’archives que dans les bibliothèques, les centres de documentation ou les musées. Ce débat sur la convergence répond certainement aux préoccupations de plusieurs professionnels et d’institutions. Il relève néanmoins d’une vision quelque peu autocentrée de la profession, qui gagnerait sans doute à s’interroger d’avantage sur les convergences et les collaborations possibles avec d’autres métiers dans une approche plus large et moins traditionnelle de la gestion de l’information.[3]
Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information propose un survol actuel des différentes facettes des métiers des sciences de l’information et constitue un bon aperçu pour des personnes intéressées par la profession ou des étudiants. En revanche, le professionnel averti n’y trouvera pas vraiment de quoi nourrir sa réflexion, car cet ouvrage reste très descriptif et ne propose pas d’analyse en profondeur. Reste quelques exemples bien choisis qui permettent de se tenir au courant de démarches innovantes entreprises dans certaines institutions. Ces initiatives témoignent des efforts consentis par les services d’information traditionnels (bibliothèques, archives et centres de documentation) pour s’adapter à la nouvelle donne numérique.
Notes:
[1] Voir pour des exemples récents: Dossier « Métier et compétences », Bibliothèque(s) - Revue de l'Association des bibliothécaires de France, n° 73, mars 2014; Dossier « Convergences des métiers : si loin, si proches », Archimag, n° 269, novembre 2013; Nouveaux métiers de l'infodoc, Guide pratique Archimag, n° 48, 2013; Dossier « Métiers et compétences : mutations et perspectives en info-doc », Documentaliste : sciences de l'information, vol. 48, n° 2, 2011.
[2] A l’exemple du cursus de la Haute école de gestion de Genève (HEG), filière Information documentaire.
[3] Ce type de réflexion est au cœur des développements actuels dans le domaine de la gouvernance de l’information ou gouvernance informationnelle.