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Geschichte allgemein

M. Meylan: Le Cercle littéraire de Lausanne

 

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Autor(en):
Titel:Le Cercle littéraire de Lausanne de 1819 à nos jours
Ort:Genève
Verlag:Editions Slatkine
Jahr:
ISBN:978-283-210-2725
Umfang/Preis:185 p.

Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Béatrice Lovis
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Parue il y a trois ans, la publication sur le Cercle littéraire de Lausanne apporte un éclairage supplémentaire sur l’histoire culturelle lausannoise. Son auteur, Maurice Meylan, avocat de formation et historien par passion, mais aussi ancien président du Cercle, a comblé une lacune en rédigeant la première étude approfondie sur le sujet. Les lecteurs avaient dû jusqu’à présent se contenter de la publication tardive de la conférence de Charles Gilliard, donnée à l’occasion du centième anniversaire du cercle.Annotée et éditée en 1966 par Jean-Charles Biaudet, elle était épuisée depuis fort longtemps. Préférant développer une série de thèmes au fil du temps plutôt que de se livrer à une approche purement chronologique, Maurice Meylan nous retrace, en une dizaine de chapitres, l’histoire du Cercle littéraire de Lausanne dès sa fondation, le 24 janvier 1819. Dans un avis adressé au lecteur, l’auteur précise sa volonté de viser un public élargi, la société désirant faire connaître l’histoire de son institution au-delà du cercle restreint de ses membres et des scientifiques. Cette décision explique l’absence de notes et de références des sources citées, références qu’un historien pourra toutefois regretter.

Fondé un an après la Société de lecture de Genève, et très certainement sous son impulsion, le Cercle littéraire de Lausanne s’insère dans un contexte historique favorable à ce type d’initiative, une cinquantaine de sociétés de lecture coexistant alors sur le territoire helvétique. Ses membres fondateurs, pour la plupart impliqués dans les tourbillons de la Révolution vaudoise, donnent d’emblée une orientation intellectuelle et bourgeoise à la jeune société. Malgré une forte présence de politiciens de tendance libérale, le Cercle se veut politiquement neutre, souhaitant avant tout être une société d’utilité publique. «Il s’agit pour ses membres de se regrouper pour s’instruire, d’échanger des idées par la conversation, d’offrir des modèles à une jeunesse studieuse et un lieu d’accueil aux hôtes de Lausanne», résume M. Meylan.

Après avoir évoqué l’histoire du bâtiment, sis à la place Saint-François et classé depuis 2006,M. Meylan rappelle les tensions au sein de la jeune société. Dès ses débuts, certains de ses membres ont jugé austère le règlement du Cercle et expriment le souhait de pouvoir accueillir un cercle mondain «parallèle» dans la maison, demande qui sera refusée: on ne doit pas «sacrifier l’utilité au plaisir». La prohibition des jeux, du tabac et de l’alcool sera source de tensions récurrentes entre les sociétaires jusqu’en 1841, année à laquelle le Cercle, miné par une grave crise interne, se voit obligé de faire une entorse à ses principes premiers. C’est ainsi que l’année suivante, billard – la grande mode d’alors –, jeux de cartes et fumée font leur entrée dans un lieu contraint à suivre «l’esprit du jour».

Cette décision salutaire attire de nombreux nouveauxmembres, et, bientôt, ce sont d’autres sociétés lausannoises qui se trouvent en difficulté et doivent fermer leurs portes. Le Cercle de la Palud, fondé en 1766, est dissout en 1842. Le Cercle du Commerce (1799), qui avait accueilli les derniers membres de la Palud, disparaît à son tour en 1850 et lègue ses biens au Cercle littéraire. Quant à celui de Beau-Séjour, qui concurrence un temps le Cercle littéraire, il ferme ses portes en 1936.

Si les sociétés à vocation de divertissement n’ont pas survécu jusqu’à nos jours, l’Abbaye de l’Arc, fondée en 1691, a résisté, elle aussi, aux diverses modes. Dès 1840, le Cercle littéraire entretient des relations régulières avec cette société de tir qui s’était mue peu à peu en cercle. Le rapprochement entre ces deux sociétés est tel qu’à plusieurs reprises des projets de fusion sont envisagés,mais jamais concrétisés.

Outre les liens noués avec l’Abbaye de l’Arc, le Cercle littéraire a entretenu des contacts plus ou moins étroits avec ses sociétés soeurs en Suisse (Genève, Berne, Zurich, Bâle, Schaffhouse, etc.), et au-delà de nos frontières (Liège). L’auteur fait remarquer que «cette ouverture envers les sociétés des grandes villes des autres cantons contraste avec l’attitude intransigeante adoptée à l’égard des cercles établis dans d’autres villes vaudoises. » Le refus d’entrer en matière avec les cercles de Nyon, de Vevey ou encore d’Yverdon est catégorique.

«La Bibliothèque, âme du cercle», c’est ainsi que M. Meylan intitule son huitième chapitre, le plus long de l’ouvrage. La bibliothèque occupe en effet une place prépondérante au sein de la société dès ses débuts: elle doit fournir auxmembres des lectures qui alimenteront les discussions tenues dans le salon réservé à la conversation. Le budget alloué aux achats de livres et aux abonnements à des journaux et des revues ira croissant, ce qui ne sera pas sans susciter des remarques acerbes de certains membres estimant trop grande la place dévolue aux activités littéraires. À ses heures les plus fastes, le cercle est abonné à plus de soixante revues et journaux, de provenance suisse, française, anglaise, allemande ou encore italienne. Le comité veille non seulement à offrir la plus grande variété de sujets possible, mais aussi à ce que toutes les opinions religieuses et tendances politiques soient représentées.Attentif aux fluctuations des abonnements au fil des ans ainsi qu’à la politique d’achat des nouveaux livres,M. Meylan conclut que la bibliothèque, riche aujourd’hui de plus de 70000 volumes, ne résulte pas d’un plan d’acquisition précis. Les collections se sont plutôt constituées au gré des modes et des souhaits des sociétaires.

Enfin, l’auteur s’attarde sur l’identité des membres de la société, exclusivementmasculine jusqu’en 1993. C’est pour lui l’occasion de parachever ce tableau animé de la vie intellectuelle lausannoise, étroitementmêlée à celle du Cercle littéraire où se sont côtoyés personnalités vaudoises et illustres étrangers. Frédéric César de La Harpe, Juste Olivier,Alexandre Vinet, Sainte-Beuve ou encore Chateaubriand ont pu y apprécier l’atmosphère feutrée de sa bibliothèque et de ses salons.

Zitierweise Béatrice Lovis: Compte rendu de: Maurice MEYLAN, Le Cercle littéraire de Lausanne de 1819 à nos jours, Genève: Éditions Slatkine, 2007. Première publication dans: Revue historique vaudoise, tome 118, 2010, p. 296-298. <http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/infoclio/id=19283>
 
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