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Geschichte allgemein

O. Meuwly u.a. (Hrsg.): Le radicalisme à Genève

 

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Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 64 Nr. 1, 2014, S. 156-157.
Autor(en):;
Titel:Le radicalisme à Genève au XIXe siècle. un mouvement au pluriel
Ort:Genève
Verlag:Editions Slatkine
Jahr:
ISBN:978-2-8321-0528-3
Umfang/Preis:263 S.

Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Olivier Perroux
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Faire le point sur le radicalisme genevois au XIXe siècle. Objectif captivant fixé par un colloque scientifique dont les actes, Le radicalisme à Genève au XIXe siècle, un mouvement au pluriel, sont publiés aux Editions Slatkine. Tant de choses ont été écrites sur ce mouvement politique mythifié à Genève comme nulle part ailleurs, que les attentes sont grandes pour voir enfin ce domaine de l’histoire politique renouvelé. Beaucoup de publications, mais bien peu qui se démarquent d’un esprit partisan que le recul offert par le poids des ans devrait aider à surmonter.

Les contributions de ce volume couvrent ainsi un ensemble de problématiques très éparses, des pensées juridiques de James Fazy, grand artisan de la révolution radicale genevoise de 1846, à quelques articles focalisant sur divers acteurs de l’époque, autant partisans qu’opposants au radicalisme, en passant par la question des chemins de fer. Plusieurs contributions présentent des problématiques qui dépassent les frontières de la cité de Calvin. En particulier, l’article de Dominique Wisler sur Ernest Naville, grand partisan de la représentation proportionnelle, et celui de David Auberson, qui observe la révolution genevoise depuis le canton de Vaud, apportent du relief à des événements bien connus de l’histoire locale.

En ouverture de volume, le très intéressant article de Véronique Mettral, décortique la pensée juridique de James Fazy appliquée aux «droits individuels». Un travail utile et bien construit qui permet de comprendre autant les origines que les conséquences de l’action du leader radical au milieu du XIXe siècle. On rattache enfin quelques anecdotes connues de la vie de Fazy, dont ses rencontres avec Lafayette, à des conséquences concrètes dans son action politique. Alors que plusieurs auteurs regrettent l’absence bien connue de monographie d’importance sur James Fazy, Véronique Mettral enrichit incontestablement les connaissances sur le radicalisme. Encouragé par cette première contribution, le lecteur attend un travail équivalent sur d’autres facettes du bouillant leader radical, notamment en matière de pensée économique, mais il reste au final un peu sur sa faim en regrettant que cet ambitieux projet ne soit qu’une contribution de plus versée à un mythe maintes fois cultivé.

Ce que démontre pourtant Véronique Mettral, avant tout, c’est que le mystère qui entoure la pensée de Fazy appartient pleinement à son mythe. Pour autant que les archives soient accessibles, rien n’empêche un historien de décrypter Fazy, au-delà des éléments maintes fois répétés. De comprendre l’importance du Saint-simonisme ou de la Charbonnerie, deux éléments connus de la première partie de son existence, dans sa pensée et son action politique. Dans ses tentatives de réussir dans les affaires, également, toute une réalité du radicalisme est trop peu présente dans cet ouvrage. Dès lors, le «système radical» évoqué mais trop peu décortiqué, peine à dépasser une formule convenue que le lecteur ne peut que rattacher à des dynamiques interpersonnelles.

C’est ainsi dans les focales mises sur plusieurs acteurs de cette époque, Carl Vogt et Georges Favon, que réside un autre intérêt du livre. Derrière l’imposante figure du père fondateur, se cache un nombre méconnu de personnalités aussi originales les unes que les autres. Par contre, autre élément participant à la culture du mythe, si le recueil évoque des opposants aux radicaux genevois, l’un, le Général Dufour, est traité bien trop superficiellement. L’autre Albert Galeer, est mort avant la révolution radicale, en sorte que le tableau présenté manque de contradictions solides.

Quels sont les détails de ce système radical, notamment sous James Fazy? En quoi les efforts des radicaux genevois pour construire un système bancaire neuf, ce qui se produit dans plusieurs cantons suisses, participe-t-il à une nouvelle manière d’appréhender l’Etat et son action? Ces questions restent malheureusement encore sans réponse. Emprisonné dans un mythe que les auteurs et les éditeurs n’ont visiblement pas osé affronter, Le radicalisme à Genève en vient à perdre son lecteur. Comme lorsque, en quelques pages, deux versions contradictoires d’un même événement sont données. Alors que dans son introduction, Olivier Meuwly indique que la constitution de 1842, d’ailleurs oubliée par d’autres contributeurs, renvoie le suffrage universel «aux calendes grecques» (p. 27), Véronique Mettral affirme exactement l’inverse, en affirmant que ce même texte l’a «consacré» (p. 56).

Près de deux siècles plus tard, la naissance et le développement du radicalisme sont toujours aussi fascinants et conservent leur part de mystère. Entretenu hélas. Le radicalisme à Genève, ne fait, avec beaucoup de regrets, pas exception à la règle. Il n’empêche qu’il s’agit, pour peu qu’on s’éloigne de James Fazy, d’un ouvrage intéressant où les historiens du droit se distinguent tout particulièrement.

Zitierweise Olivier Perroux: Rezension zu: Le radicalisme à Genève au XIXe siècle, un mouvement au pluriel, sous la direction d’Olivier Meuwly et Nicolas Gex. Genève, Slatkine, 2012. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 64 Nr. 1, 2014, S. 156-157. <http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/infoclio/id=24097>
 
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