Die Schweiz auf Kurzwelle. Musik – Programm – Geschichte(n)

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Titel
Die Schweiz auf Kurzwelle. Musik – Programm – Geschichte(n)


Herausgeber
Forschungsgruppe «Broadcasting Swissness»
Reihe
Kulturwissenschaftliche Technikforschung 4
Erschienen
Zürich 2016: Chronos Verlag
Anzahl Seiten
160 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Raphaëlle Ruppen Coutaz, Université de Lausanne

Édité par un groupe de recherche interdisciplinaire conduit par Thomas Hengartner (Institut für Populäre Kulturen Universität Zürich), Daniel Häusler (Hochschule Luzern – Musik) et Walter Leimgruber (Seminar für Kulturwissenschaft und Europäische Ethnologie Universität Basel) et soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, le présent ouvrage démontre que la musique populaire, par son rôle politico-identitaire, est un élément important non seulement du patrimoine en général, mais également du patrimoine audiovisuel. Point de départ de ce projet: la collection Dür, une collection de musique populaire suisse, composée de près de 8’000 enregistrements issus des divers studios de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) et déposés à la Phonothèque nationale suisse. Constituée entre 1957 et 1967 par le responsable des archives de la radio internationale helvétique et musicologue Fritz Dür dans le but de créer un réservoir de «musique suisse», cette collection vise principalement à enrichir les programmes de cette station de la SSR, dénommée alors Service suisse d’ondes courtes (SOC), et secondairement à nourrir les programmes de l’ensemble des studios. Aïeul de l’actuel site internet swissinfo.ch, le SOC est largement méconnu. Créé en 1938 pour remplir une double mission – resserrer les liens avec la diaspora et faire rayonner le pays hors des frontières nationales –, il propose des émissions dans les trois langues nationales ainsi qu’en anglais et en espagnol à partir d’août 1939, puis en portugais à compter de l’été 1941. L’émetteur national à ondes courtes construit en 1939 à Schwarzenbourg dans le canton de Berne permet d’atteindre des contrées plus lointaines que la traditionnelle diffusion sur ondes moyennes. L’histoire de la radio internationale helvétique est étroitement liée à celle de la défense nationale spirituelle. Le Service suisse d’ondes courtes est présenté comme un outil de promotion culturelle d’importance dans le Message que le Conseil fédéral adresse au Parlement le 9 décembre 1938 «concernant les moyens de maintenir et de faire connaître le patrimoine spirituel de la Confédération». La musique, particulièrement la musique populaire, occupe une place majeure dans la grille de la station internationale (environ 60% de la programmation totale dans les années 1950).

En réfléchissant à la façon dont la musique populaire a participé à la construction sonore d’une «voix de la Suisse» par l’intermédiaire du médium radiophonique et du rayonnement international qu’il offre, ce projet de recherche, qui s’inscrit au croisement des sound studies et des media studies, permet de porter un regard neuf sur l’identité de la nation, sa politique culturelle et la diffusion de son image, à l’étranger notamment. En plus d’interroger la collection Dür sous l’angle de la musicologie, de l’anthropologie culturelle et de l’ethnomusicologie, les contributions réunies par le groupe de recherche «Broadcasting Swissness» replacent cet objet dans un cadre plus large. Une première série d’articles (Johannes Müske, Thomas Järmann et Johannes Rühl) s’attache à donner une vue d’ensemble de l’histoire du Service suisse d’ondes courtes et de la collection Dür. Les auteurs examinent notamment comment la politique culturelle de la Confédération s’est exprimée dans les programmes musicaux diffusés par la radio internationale helvétique et la façon dont l’authenticité de la musique populaire suisse a été débattue. La deuxième série d’articles (Patricia Jäggi, Karoline Oehme-Jüngling et Fanny Gutsche) élargit la focale en abordant d’autres aspects de la programmation du Service suisse d’ondes courtes que ceux qui sont directement liés à la collection Dür: la mise en scène acoustique de la Suisse comme un lieu alpin dans les programmes, l’instauration d’un service arabe et les difficultés rencontrées, ainsi que l’organisation du Tir Mondial Radio/Radio-Weltschützenfest pour réunir les expatriés à l’écoute. Ces études de cas illustrent le rôle diversifié joué par le SOC en faveur du rayonnement de la Suisse à l’étranger et, de manière plus générale, la capacité des radios internationales, «en tant que média global», à faire circuler des modèles et des représentations autour du monde. Ces trois contributions interrogent aussi les relations que le Service suisse d’ondes courtes entretient avec son auditoire, notamment les Suisses de l’étranger, ainsi que les résistances qu’il doit parfois affronter. Pour terminer, les deux derniers articles, signés par Rudolf Müller, responsable du domaine Son/Radio au sein de Memoriav – une association suisse chargée de la sauvegarde du patrimoine audiovisuel –, et par Hans-Rudolf Dürrenmatt, musicologue de formation et ancien responsable des archives du studio radiophonique de Berne, apportent un éclairage sur la gestion du patrimoine audiovisuel en Suisse. Ils montrent que longtemps (en tout cas jusqu’aux années 1980), la conservation des archives sonores au sein de la SSR a plus été due au hasard ou au zèle de certains collaborateurs (c’est d’ailleurs le cas pour la collection Dür) qu’à une politique d’archivage claire, systématique et cohérente entre les divers studios. Rappelons que les archives radiophoniques ne sont pas constituées en premier lieu dans un but patrimonial, mais avant tout à des fins de rediffusion. De surcroît, l’absence de dépôt légal laisse aux responsables de la SSR une liberté totale d’appréciation.

En plus d’avoir exhumé la collection Dür – dont la variété, la rareté des enregistrements (environ un quart est unique aujourd’hui) et la signification politique et culturelle lui donnent une valeur exceptionnelle –, le grand mérite de ce collectif est de chercher à la faire connaître d’un large public en coopérant avec Memoriav, la Phonothèque nationale suisse et Schweizer Radio und Fernsehen (SRF). Leur ambition est à terme de rendre publiques les 900 pièces numérisées en les proposant sur les stations d’écoute de la Phonothèque nationale et sur Memobase, le portail d’information de Memoriav. Depuis 2013, ces sources sonores sont régulièrement présentées comme de petites pépites dans le cadre de l’émission «Fiirabigmusig» programmée sur SRF Musikwelle. Valoriser les archives sonores de la SSR comme le fait le projet «Broadcasting Swissness» participe sans aucun doute à la prise de conscience de la nécessité de sauvegarder le patrimoine culturel audiovisuel suisse.

Une question importante pour notre compréhension de la construction d’une image sonore nationale reste à résoudre: la collection Dür représente-t-elle vraiment la «voix musicale de la Suisse»? Si celle-ci a été conçue comme «une carte de visite musicale de la Suisse», comment interpréter l’absence quasi totale de productions provenant de la Suisse romande? En outre, une approche plus historique aurait permis non seulement de prendre davantage en compte l’impact du cadre géopolitique et des acteurs sur la programmation, mais également d’élargir le point de vue en interrogeant le statut de la musique (populaire) dans d’autres radios internationales. Néanmoins, ce dernier constat ne vise en rien à diminuer la belle démonstration faite ici des perspectives offertes par la musicologie, l’anthropologie culturelle et l’ethnomusicologie pour celui ou celle qui souhaite retracer l’histoire des médias.

Zitierweise:
Raphaëlle Ruppen Coutaz: Rezension zu: Forschungsgruppe «Broadcasting Swissness» (Hg.), Die Schweiz auf Kurzwelle. Musik – Programm – Geschichte(n), Zurich: Chronos Verlag, 2016. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 67 Nr. 1, 2017, S. 119-121.

Redaktion
Zuerst veröffentlicht in

Schweizerische Zeitschrift für Geschichte Vol. 67 Nr. 1, 2017, S. 119-121.

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