F. Cojonnex: Un Vaudois à la tête d'un régiment bernois

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Titel
Un Vaudois à la tête d'un régiment bernois. Charles de Chandieu (1658-1728).


Autor(en)
Cojonnex, François
Reihe
Collection Militaria Helvetica
Erschienen
Pully 2006: Centre d'histoire et de prospectives militaires
Anzahl Seiten
Preis
123 S.
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Lucienne Hubler

Dans son mémoire de licence en histoire moderne, François Cojonnex s’est attaché à la personne du seul Vaudois nommé à la tête d’un régiment bernois, Charles de Chandieu-Villars (en France Villars-Chandieu). Pour comprendre les raisons de cette promotion exceptionnelle, il a réuni une vaste documentation, trouvée dans les archives vaudoises, bernoises et françaises. La piste la plus intéressante est fournie par les correspondances avec le duc du Maine et avec le duc de Villeroy. Le premier est le fils de Louis XIV et de la Montespan, colonel général des Suisses et Grisons, de droit dès son enfance, de fait en 1701, à la mort du Grison Pierre Stoppa. Le second est le gendre de Louvois, ministre de la guerre.

En juin 1700, le colonel bernois Albert Manuel meurt après plusieurs mois de maladie, pendant lesquels la République de Berne, l’ambassadeur de France et Stoppa ont chacun proposé des candidats à sa succession. Pour Berne, il est évident que le futur colonel doit être bernois. Or, en janvier 1701, Louis XIV nomme le Vaudois Charles de Chandieu et l’autorise de surcroît à garder sa demi-compagnie aux Gardes suisses, après une intervention décisive du duc du Maine.

Les sources utilisées par François Cojonnex lui permettent de mettre en évidence que le principal motif de cette nomination était les très mauvaises relations entre la France et la République de Berne, liées notamment à la politique religieuse du roi. En 1690, le canton avait même interdit aux fils et aux gendres des membres du Petit Conseil d’entrer au service de France, et avait favorisé depuis lors ouvertement le recrutement pour la Hollande.

Dix ans plus tard, Berne s’est quelque peu assagie. Elle est donc d’autant plus furieuse de la nomination de Chandieu, qui devra se justifier devant une commission d’État. Le nouveau colonel affirmera ne pas avoir sollicité son avancement. Or François Cojonnex a trouvé des lettres des ducs du Maine et du duc de Villeroy qui infirment cette déclaration. Les deux hommes ont favorisé leur protégé ou client, au sens romain du terme. En échange, Chandieu les a informés de la situation à Neuchâtel lorsqu’a débuté l’affaire de la succession de la principauté en 1699. Quelques années plus tard, au début de la Régence, il soutiendra la position des princes légitimés, le duc du Maine et le comte de Toulouse, contre les princes du sang.

La nomination de Chandieu a incontestablement été utilisée par Louis XIV pour «mortifier» Berne, dont la politique lui déplaisait fort. La carrière de Charles de Chandieu échappe donc à l’histoire purement militaire et éclaire un moment des relations franco-suisses. Celles-ci n’ont pas échappé aux tensions et cet épisode en est un bon exemple. Le travail souffre de quelques défauts formels, répétitions notamment. Ils devraient disparaître dans la thèse annoncée qui approfondira l’étude du clientélisme dans le service étranger, ouvrage qu’on se réjouit de découvrir vu l’intérêt du sujet.

Citation:
Lucienne Hubler: compte rendu de: François Cojonnex, Un Vaudois à la tête d'un régiment bernois. Charles de Chandieu (1658-1728), Pully: Centre d'histoire et de prospective militaires, Collection Militaria Helvetica, 2006, 123 p. Première publications dans: Revue historique vaudoise, tome 116, 2008, p.278.

Redaktion
Veröffentlicht am
13.04.2010
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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